Musique. Apparu à la fin des années 70,
le groupe électro-pop anglais entame une tournée des
stades. Avec un enthousiasme intact, comme le confirment Martin Gore et
Andrew Fletcher
Paris Match. Vous souvenez-vous de votre premier concert en France ?
Andrew Fletcher.
Oui ! C’était aux Bains-Douches à Paris, en 1980.
Nous étions très jeunes. C’était une
ancienne piscine, qui est devenue l’un des endroits où
nous sortions le plus quand nous étions à Paris.
Trente ans plus tard, vous allez vous produire au Stade de France. Etait-ce votre rêve de devenir un dinosaure du rock comme les Rolling Stones ?
Martin L. Gore.
Nous ne nous sommes jamais assis autour d’une table pour
planifier notre carrière. Nous avons avancé pas à
pas. Aujourd’hui encore, nous avons annoncé notre
tournée, mais nous n’avons aucune idée de ce
à quoi elle ressemblera. Nous sommes en train de finir notre
album...
A part vous, The Cure, U2 et R.E.M., peu de groupes de votre
époque ont survécu aux années 80. Comment
l’expliquez-vous ?
M. L. G.Les
groupes de l’époque avaient beaucoup plus de moyens et de
temps pour se développer. Prenez notre exemple, il a fallu
attendre cinq ans avant que nous rencontrions le succès.
Aujourd’hui, si votre disque ne marche pas au bout d’un an,
on vous met dehors. Les maisons de disques ne pensent plus en termes de
durée mais d’efficacité.
L’an prochain, vous jouerez dans les stades de toute
l’Europe à l’exception de l’Angleterre,
où vous vous contentez d’un concert dans une “
petite” salle. Quel est le problème ?
A.F.
Nous avons aussi des fans chez nous ! Mais nous ne sommes pas aussi
populaires qu’en France ou en Allemagne. Les Cure sont dans la
même situation...
M.L.G.
C’est le premier pays où nous avons eu du succès.
Dans l’esprit des gens, nous sommes restés ce groupe de
minets qui se contente de chanter “Just Can’t Get
Enough”. Alors que partout ailleurs notre album
“Violator” nous a offert la reconnaissance de la critique.
En Angleterre, les gens adorent le truc du moment et passent
très vite à autre chose. Les Anglais ne
s’intéressent pas aux vieux groupes de plus de vingt ans !
Vous avez déclaré ne rien vous souvenir des années
90. Trop de drogues, d’alcool et d’excès ?
A.F.
Les années 80, nous les avons passées à faire la
fête. Dans la première moitié des années 90,
nous sommes arrivés au summum du n’importe quoi. Nous
n’avions plus besoin de répéter pour donner des
concerts, mais plutôt de faire la fête le plus longtemps
possible... La tournée “Devotional” fut l’une
des plus folles de notre carrière. Nous avons quand même
failli perdre notre chanteur, et Alan Wilder a quitté le groupe.
Même moi, je n’ai pas assuré les six derniers mois,
tellement j’étais...
M.L.G.
Même quand nous étions sobres, nous étions
entourés d’une telle folie que nous n’avions plus le
sentiment de toucher terre. Chaque soir, nous nous produisions devant
plus de 20 000 personnes. Notre vie se résumait aux avions, aux
loges et aux salles de concert.
Depeche Mode sur scène dans vingt ans, c’est donc totalement imaginable ?
M.L.G.
Notre seul but pour l’instant est de terminer notre album avant
Noël, histoire de passer des fêtes de fin
d’année tranquilles. Ensuite, nous aviserons, nous ne
sommes pas en train de jouer une partie d’échecs ! Mais je
ne sais pas faire autre chose que de la musique. Donc, je ne vois pas
pourquoi nous ne serions pas là dans vingt ans.
A.F.
Moi, je trouverais ça formidable d’annoncer notre
retraite... Mais quand je vois les Stones, je me dis qu’il
n’est visiblement pas très facile de se passer de cette
folie qui entoure le rock...
Album à paraître en
avril 2009 (Mute / Emi). En concert le 27 juin 2009 au Stade de France.
Places en vente à partir du 5 décembre.
http://www.parismatch.com/parismatch/Match-guide/Match-Musique/Martin-Gore-Depeche-Mode-sera-encore-la-dans-vingt-ans!